Le paysage

d'après "l'Atlas des paysages d'Ariège-Pyrénées", Conseil Général de l'Ariège, 2006

À l’ouest de la plaine de Saverdun et de Pamiers, le Piémont pyrénéen se soulève en un moutonnement de collines qui font partie du terrefort toulousain. C’est l’ancien Podaguès, qui comprend dans sa partie occidentale, le pays de la Lèze. La vallée de la Lèze a un cours sensiblement parallèle à celui de l’Ariège et ménage une porte aux Pyrénées ariégeoises à partir de la plaine de la Garonne. Elle est empruntée par la RD 919 qui se sépare de la RN 20 au sortir de Toulouse et dont le tracé presque rectiligne conduit jusqu’à Foix après un parcours d’une cinquantaine de kilomètres. Les paysages qui accueillent le visiteur s’y révèlent progressivement très différents de ceux des vallées de l’Ariège et de l’Hers. Les cultures y sont dominantes, certes, mais la proximité des coteaux de la rive droite et des vallonnements plus doux de la rive gauche attirent progressivement l’attention sur des contrastes nouveaux.

Dans la mouvance de la Garonne, les cultures irriguées du fond de la vallée

L’entrée dans ces paysages se fait de façon quasi insensible, dans la mouvance des paysages aquitains. Ce sont les mêmes cultures céréalières irriguées qui tapissent le fond large et plat de la vallée et les terrasses de la rive gauche de la rivière, en transition avec les collines voisines. Ce sont aussi les mêmes motifs qui y occupent une place de choix. Parmi eux, ceux de la végétation arborée sont sans doute les plus dynamiques. Par leurs alignements, les arbres laissent deviner tantôt le cours de la rivière et des petits ruisseaux affluents, tantôt l’échappée d’une petite route vers les collines voisines, tantôt une simple rupture de pente. Par leurs regroupements en allées ou en bosquets, ils conduisent souvent à une ferme, un hameau ou un village, eux-mêmes entourés de leurs grands arbres pourvoyeurs d’ombre et de fraîcheur et de leurs prés-vergers parfois effectivement pâturés. En isolés, aux croisées des chemins ou en limites de parcelles, ils se signalent par leur taille et leur âge et participent comme les autres à l’animation du paysage en se faisant invitations au voyage et à la découverte.
La houle puissante des collines cultivées du terrefort ariégeois


C’est en suivant l’une des routes de traverse engagées dans la traversée des collines du terrefort que se révèle le plus nettement l’originalité de ces paysages. Tel est le cas de la RD 26, qui quitte la vallée de la Lèze à Sainte-Suzanne pour rallier La Bastide-de-Besplas dans la vallée de l’Arize. Elle circule en crête et permet rapidement de saisir l’importance prise par les cultures partout où le permettent les sols argileux, lourds et fertiles, et la modération des pentes autorisant des labours autrefois improbables. Et à mesure que la route prend de la hauteur, la vue s’étend jusqu’aux confins des horizons orientaux des collines, permettant ainsi de juger de l’ampleur de leur occupation par les cultures céréalières dominantes.

Le relèvement des coteaux plus accidentés et pâturés


L’élevage n’est pas exclu des paysages de la Lèze, comme le signalent les balles des prairies de fauche soigneusement alignées en bordure de parcelles et le troupeau au pâturage, là où la nature du terrain et la plus grande raideur des pentes proscrivent les cultures. Le phénomène est déjà sensible dans la vallée, qui affecte le profil en travers dissymétrique caractéristique des vallées gasconnes : d’un côté, rive gauche, les terrasses rejoignant progressivement les hauteurs, et de l’autre, rive droite, les coteaux affirmant localement des pentes plus fortes et laissant deviner des terrains plus superficiels et secs. Les paysages qui en résultent s’organisent en contrastes nettement plus accusés. Le premier s’établit entre le fond plat de la vallée, occupé par des cultures souvent irriguées jusqu’à la ripisylve naturelle et dense de la rivière, à proximité du pied du coteau. Le deuxième s’établit entre l’occupation du sol de ce fond plat par les cultures, et celle des coteaux, beaucoup plus variée et aléatoire. On y discerne bien quelques parcelles de labours, mais on en découvre aussi d’autres dont les limites et parfois même la surface semblent soumises à la pression d’arbres de dimensions et de formes diverses, isolément, en alignements, en piquetis diffus ou en bosquets aléatoires. L’impression générale est celle de paysages plus naturels et localement plus sauvages, là où le parcellaire disparaît sous la végétation basse de la lande.

Un gradient croissant de paysages plus naturels

Le contraste entre les paysages plus cultivés de la rive gauche et les paysages d’allure plus naturelle de la rive droite de la Lèze ira en se confirmant au fur et à mesure que l’on remontera la vallée vers l’intérieur du pays. Il est d’ailleurs caractéristique de toutes les vallées des collines, dans la mesure où chaque fois qu’elles présentent un fond et des versants labourables, les cultures y prennent le maximum de place possible par rapport aux pâtures et aux boisements. Ainsi de la vallée de l’Estrique, dans le terrefort de Pamiers. Entre Escosse et Saint-Victor-Rouzaud, la vallée présente un élargissement qui motive de beaux labours jusqu’à la rivière et à la rupture de pente du coteau où se dessinent soit d’autres cultures soit des pâtures. Mais plus on avancera, plus les pâtures prendront le pas sur les cultures, surtout si l’on quitte les vallées pour prendre les routes de traverse. Ce renversement de dominance ne tiendra pas seulement aux profils en travers moins dissymétriques des vallons mais aussi au relèvement sensible des pentes des versants, plus fortes au sud d’une ligne reliant Escosse dans la vallée de l’Estrique à Artigat dans la vallée de la Lèze et à la Bastide-de-Besplas dans la vallée de l’Arize.

Les plis et replis montagneux et boisés du Plantaurel

La vallée de la Lèze atteint à Pailhès un seuil qui en transforme définitivement les paysages. C’est le seuil des plis montagneux auxquels toute rivière ariégeoise est tôt ou tard confrontée dans sa course entre Pyrénées et Piémont. Ici, c’est un étroit défilé à travers la longue côte qui double le crêt du Plantaurel sur une trentaine de kilomètres jusqu’à Varilhes. À partir de là, les paysages sont faits d’une succession de rétrécissements et d’élargissements de dimensions réduites dans lesquels les boisements occupent une place dominante par rapport aux espaces ouverts des pâtures, et même de quelques cultures, et à un bâti réduit à quelques fermes dispersées, parfois un ou deux hameaux. C’est l’entrée dans le Pays de Foix, qui se fait soit par la RD 919, le long du ruisseau de Roziès, affluent qui prolonge le cours de la Lèze, soit par la RD 131, qui assure la remontée de la Lèze elle-même à travers une des nombreuses cluses du Plantaurel, le Pas du Roc.

SMIVAL

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